Donner le goût du mentorat aux jeunes selon moi c’est entre autres leurs permettre de développer des habitudes et aptitudes profitables durant toute leur carrière telle que de ne pas avoir peur de consulter et de se documenter pour se tracer un propre chemin professionnel et prendre des décisions réfléchies.
Ce n’est pas une tâche facile et je ne connais pas beaucoup d’initiatives qui vont en ce sens. Celle dont j’ai en tête est Academos, créé par Catherine Légaré en 1999. C’est d’ailleurs au travers de cette plate-forme Web que j’ai découvert le mentorat.
Catherine Légaré a justement été nommée Personnalité La Presse récemment. J’ai profité de cette occasion pour l’interviewer afin d’en savoir plus sur l’histoire derrière le projet et comprendre les obstacles et les défis qu’elle rencontre aujourd’hui.
Table des matières
Un peu d’histoire
Fondé en 1999, Academos a réuni jusqu’ici plus de 50 000 jeunes et 2000 mentors. L’organisme à but non lucratif compte 19 employés répartis aux quatre coins de la province. On y compte également 250 écoles inscrites, 12 cégeps, plus d’une centaine de partenaires des milieux d’affaires, scolaires et communautaires.
Voilà comment cela fonctionne. L’étudiant entre en contact sur internet en quelques clics avec un modèle de réussite, quelqu’un d’inspirant, qui écoute, qui soutient, qui raconte sa propre expérience. Le cybermentorat, selon une étude réalisée par l’Université du Québec à Montréal, contribue de façon significative à la motivation scolaire et par conséquent à sa réussite. «Pour un jeune qui sait où cela va le mener, les études prennent un autre sens.» – Source : Catherine Légaré / Anne Richer / La Presse
Né de l’idée de développer un nouveau service pour les étudiants du collège de Bois-de-Boulogne, Academos n’était pas du tout une entreprise au départ. La fondatrice n’avait donc pas à développer une entreprise comme telle. Elle a pu uniquement se concentrer sur les services.
Comme la plupart des entreprises en démarrage, la première année a été consacrée à définir le projet. Il s’agissait entre autres de connaître la clientèle cible, ses besoins et structurer l’offre de services. Catherine Légaré mentionne également qu’il a été question de bien établir les règles de fonctionnement du cybermentorat en plus de développer la nouvelle technologie et réunir plusieurs cybermentor sur ce nouvel outil. Comme elle était encore aux études, elle travaillait chez Academos environ 2 jours par semaine.
À la fin de la première année, qui coïncidait avec la rentrée scolaire, Academos a été lancé pour les étudiants. Dès le mois de septembre 1999, les étudiants pouvaient communiquer avec les quelques 40 mentors disponibles.
Quand j’ai demandé à Catherine les difficultés qu’elle avait rencontrées lors du démarrage de son entreprise, je me suis rappelé à quel point c’est souvent la même chose pour plusieurs entrepreneurs. Elle me disait entre autres qu’elle n’avait pas d’expérience dans le monde des affaires et se sentait isolée puisqu’elle développait une idée dans un terrain inconnu. Par exemple, elle ne savait pas comment organiser ses idées pour mener à terme un projet qui ne part de rien. Elle n’avait pas aussi un réseau de contacts professionnels développé comme aujourd’hui. Elle a entre autres dû lire plusieurs articles sur le mentorat pour bien véhiculer le projet sur le Web. Aussi, en 1999 on peut dire qu’il n’y avait pas autant d’outils disponibles sur le web qui permettaient d’adapter la plate-forme Academos autrement. Il a donc été question de tout faire pour la première fois.
Le mentorat lui a d’ailleurs été très utile pour poursuivre son aventure avec Academos. Elle a échangé régulièrement avec un mentor d’affaires depuis près de 4-5 ans. Cette relation lui apporte de la confiance en elle et dans les actions qu’elle pose. C’est très stimulant. «J’ai développé une pensée plus stratégique et surtout des savoirs être qui vont de pair avec le poste que j’occupe aujourd’hui.» m’a t-elle témoigné.
Les qualités d’un bon cybermentor
Selon Catherine Légaré les quatre qualités d’un cybermentor seraient l’écoute, l’empathie , l’ouverture à l’autre et l’honnêteté :
L’écoute : Puisque la communication se passe par écrit lors d’une relation de cybermentorat, le cybermentor doit être doublement à l’écoute et savoir lire entre les lignes.
L’empathie : Le cybermentor doit être en mesure de se mettre à la place du cybermentoré pour mieux le comprendre.
Ouverture à l’autre : le cybermentor doit accepter que son cybermentoré n’ait peut-être pas les mêmes valeurs puisqu’il provient d’une autre génération. Il doit être ouvert à lire des messages dans un ton et langage différent que le sien.
Honnêteté : Rester soit même en tant que cybermentor puisque les jeunes s’attendent à échanger avec quelqu’un d’authentique.
J’ajouterais que le cybermentor doit montrer aussi une certaine patience, car il est possible que le cybermentoré fasse beaucoup de fautes et n’arrive pas à s’exprimer correctement. Essayer de le reprendre autrement en reformulant ses phrases. C’est un peu plus de travail et j’en suis consciente. En ce qui me concerne. c’est ce qui m’a permis à mieux structurer ma pensée.
À titre d’information, selon les évaluations annuelles effectuées par Academos, il semblerait que les cybermentors apprennent beaucoup en étant en contact avec la nouvelle génération :
Les mentors disent souvent se sentir utiles pour les jeunes et pour la société. Ils retirent aussi beaucoup de satisfaction personnelle en partageant ce qui les passionne avec un plus jeune et surtout en voyant des jeunes s’épanouir devant leurs yeux. Ils nous disent aussi que c’est stimulant d’échanger des nouvelles idées avec des plus jeunes (même si des fois ça peut être confrontant…) – Catherine Légaré
3 conseils pour les jeunes afin de tirer profit de sa relation de cybermentorat
La fondatrice d’Academos m’a également partagé quelques conseils pour les jeunes afin de tirer profit de leur relation de cybermentorat.
1. S’intéresser à son cybermentor.
Je trouve que ce conseil est juste, mais souvent oublié. C’est pourtant essentiel si on désire connaître sa perception de son métier et de son secteur d’activité. C’est aussi une façon d’en apprendre sur son parcours et savoir quels obstacles il a traversés pour réussir à sa façon. Le jeune peut ainsi partager ce qu’il a fait jusqu’à présent et se reconnaître dans le vécu de son mentor.
2. S’impliquer dans la relation.
Tout comme le mentorat ou autre relation humaine sérieuse, une relation de cybermentorat se développe au fil des échanges. Lorsqu’on parle de s’impliquer dans la relation c’est de s’éloigner des échanges «informels» et partager régulièrement ses projets et découvertes avec son cybermentor. « Ça va beaucoup aider le mentor à vous comprendre et à savoir ce qui peut vous être utile. Si le mentor propose des démarches; essayez. » ajoute Catherine Légaré.
En ce qui me concerne, j’envoie par exemple plusieurs lectures à mon mentor en ce qui a trait mon domaine d’activité et il fait de même lorsqu’il entend parler de ce domaine dans son entourage. Je lui fais aussi part de mes réflexions du moment lorsque j’ai un doute sur certains sujets. Je lui demande son avis afin d’être en mesure de me faire une opinion par moi même. Si mon mentor me propose des démarches à suivre je réfléchie à comment je peux les intégrer dans mon quotidien.
3. Ne pas rester dans une relation qui n’apporte plus rien.
Comme dans la vraie vie, il est possible sur Academos que des échanges avec un mentor n’apportent rien. Il faut dans ce cas terminer la relation en remerciant le cybermentor pour ses conseils et se concentrer sur les relations qui vous permettront d’avancer dans votre cheminement de carrière.
D’ailleurs, ce qui est particulier avec Academos c’est qu’il est conçu pour faciliter l’exploration. Nous pouvons avoir accès à une banque de mentor en ligne et fiches descriptives pour sélectionner un mentor. Le cybermentoré peut avoir plusieurs mentors et il a le droit de changer à mesure que le choix de sa carrière se précise.
En savoir plus sur Academos ?
Academos Cybermentorat est un organisme à but non lucratif fondé en 1999 dont la mission est de favoriser l’orientation professionnelle et la persévérance scolaire des jeunes Québécois de 14 à 30 ans, au moyen du cybermentorat.
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