Se lancer en affaires avec un handicap : comment l’entrepreneuriat m’a aidée à accepter ma différence

13 février 2025

Dernière mise à jour 19 février 2025 à 01:37 am

Se lancer en affaires, avec ou sans handicap, peut être stressant. Peu importe la situation, faire le grand saut, c’est un gros défi. Ça demande de se préparer et d’accepter de faire certains sacrifices.

Une lectrice m’a récemment partagé par courriel son envie de se lancer en solo, après une mauvaise expérience avec un employeur qui refusait d’adapter son poste à ses besoins. Et je comprends tellement ce besoin de créer ses propres opportunités. Surtout dans un moment frustrant comme ça.

Ça me rappelle mes débuts, dans les années 2000. Lors de mes recherches d’emploi, je faisais face à des préjugés de la part des employeurs. C’est ce qui m’a poussée à lancer ma première entreprise.

Mais même à ce moment-là, je me demandais si j’allais être prise au sérieux. Ma voix n’était pas du tout celle que vous entendez aujourd’hui. Je n’osais même pas parler de ma surdité ou de mes besoins, par peur du jugement des autres.

J’ai commencé ma première entreprise à temps partiel pendant mes études en infographie, à Québec, chez mes parents. Ensuite, j’ai poursuivi mon aventure à Rivière-du-Loup, durant mes études en graphisme. Finalement, je me suis lancée à temps plein une fois mes études terminées, en déménageant à Montréal.

Je ne cacherai pas que j’ai pris plusieurs risques. Le plus grand a été de mettre ma vie personnelle de côté pour me développer plus vite sur le plan professionnel. À quelques reprises, j’ai aussi eu du soutien financier de mes parents, que j’ai remboursé rapidement.

Pendant longtemps, je me suis sentie différente, sans savoir comment transformer cette différence en force. Mais c’est en me lançant en affaires sur le Web que j’ai appris à m’accepter, à avancer, et surtout à vivre de mes propres projets.

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De la passion pour le graphisme à l’entrepreneuriat

Après mes études secondaires, je rêvais de devenir graphiste ou infographiste. Je ne crois pas le mentionner assez, mais à ce moment-là, l’entrepreneuriat n’était pas du tout dans mes plans. Pourtant, sans le savoir, j’étais déjà en train de baigner dedans. Mon père avait son commerce et gérait un casse-croûte avec ma mère. J’aimais beaucoup aller le visiter et le voir servir ses clients. Mes parents me faisaient aussi participer à la création de visuels pour leur casse-croûte. Mais le mot entrepreneur, pour moi, ça ne voulait rien dire. Jusqu’à ce qu’un mentor me fasse découvrir cet univers.

Il m’a présenté à différentes personnes pour me montrer qu’il y avait plusieurs façons de travailler dans le domaine du graphisme. Certains étaient employés, d’autres travaillaient à leur compte. L’un d’eux avait sa propre entreprise, et c’est en voyant son bureau, son univers, son autonomie que j’ai eu le déclic. Moi aussi, je voulais créer quelque chose à ma façon.

Se lancer en affaires pour créer un travail à son image

Se lancer en affaires, c’est aussi se créer un environnement de travail qui nous convient. Dès le début, j’ai choisi le télétravail. Le 9 à 5 traditionnel, ce n’était pas pour moi. C’était difficile à expliquer, surtout à une époque où ce n’était pas courant. Mais au fond, je savais que c’était ce dont j’avais besoin. J’aimais pouvoir travailler de chez moi, dans le silence, à mon rythme, sans être contrainte par un horaire fixe dans un bureau.

À l’époque, je ne réalisais pas que ce choix était lié à ma surdité. Avec le recul, je comprends que c’était ma façon de gérer mon énergie et mes préférences en matière de communication. C’est en travaillant avec de vrais clients et en lançant mes propres projets, comme MacQuébec (qui est aujourd’hui moins actif), que j’ai pu développer mes compétences en communications Web et mieux comprendre mes forces.

Au départ, je n’osais pas parler de ma surdité. J’avais peur du jugement, peur d’être perçue différemment. Même avec de l’expérience en affaires, j’hésitais à montrer cette facette de moi, comme si ça risquait de nuire à ma crédibilité. Mais aujourd’hui, je réalise qu’en acceptant pleinement ma surdité, j’ai pu bâtir une entreprise qui me ressemble à 100 %. En parlant de handicap et d’entrepreneuriat, je sais que mon parcours peut réellement aider d’autres personnes, surtout celles qui ont du mal à trouver leur place dans le milieu du travail.

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Oser prendre sa place

Les défis des entrepreneurs en situation de handicap ressemblent souvent à ceux des autres entrepreneurs. Mais il y a une nuance. Surtout quand on veut développer son entreprise et la faire croître. Ce n’est pas tant le fait de se lancer en affaires qui pose problème, mais plutôt de maîtriser les compétences nécessaires pour se présenter à des investisseurs ou à toute personne pouvant nous soutenir financièrement. Se tailler une place sur le marché… et la garder. Sans oublier le regard que ces personnes peuvent poser sur nous au premier contact.

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Il y a cette impression de toujours devoir se battre un peu plus. De prouver sa valeur autrement. De démontrer qu’on est capable. J’ai du mal à mettre des mots là-dessus, mais quand on choisit un chemin différent pour se réaliser, il y a souvent un sentiment d’imposteur qui s’installe. Je le connais bien. Et c’est en me lançant dans des projets ambitieux, en sortant de ma zone de confort, que j’ai pris confiance. J’ai appris dans l’action. Monter un projet de A à Z, le structurer, le promouvoir en utilisant des tactiques de relations de presse… c’est devenu ma force.

Bien sûr, il y a des aspects de l’entrepreneuriat qui me plaisent moins, comme la gestion des tâches courantes. Mais avoir pris le temps d’expérimenter plusieurs facettes de l’univers des communications qui me passionne depuis toujours – incluant la réalisation et production d’un balado, la recherche de financement et la gestion de communauté Web – m’a permis de mieux comprendre cet univers. Si j’ai mis autant de temps à parler ouvertement de ma surdité, c’est en partie parce que je voulais, d’abord, bâtir mon expérience. Je ne voulais pas être réduite à ma différence.

Se lancer en affaires, une façon de s’épanouir autrement

Aujourd’hui, avec plus de 20 ans d’expérience, je peux affirmer que l’entrepreneuriat m’a aidée à gagner en confiance, malgré mes défis de communication au quotidien. Et surtout, à transformer ces défis en opportunités. Plutôt que de voir mon handicap comme un frein, j’en ai fait une force. J’ai appris à structurer mon travail selon mes besoins et à définir ma propre version du succès.

Alors, si vous lisez cet article et que vous hésitez à vous lancer en affaires, rappelez-vous que votre différence est une richesse. L’entrepreneuriat peut vous permettre de créer un environnement à votre image, où vous pourrez vous épanouir pleinement. Il n’y a pas une seule façon de réussir. Ce qui compte, c’est de trouver celle qui vous correspond.

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