4 raisons pourquoi il faut augmenter la présence des personnes sourdes et malentendantes dans les médias

Des modèles de personnes sourdes et malentendantes dans les médias, il en manque, à mon avis.

Et ce, même s’il y a du progrès depuis quelques années.

Ayant grandi dans un monde entendant, je ne voulais pas que mon handicap soit visible. Je voulais être comme les autres. Je refusais aussi les aides techniques à l’audition. Que ça soit d’essayer de nouvelles technologies, avoir recours à un preneur de notes, un interprète oral ou encore aller dans des classes spécialisées. Ça ne m’intéressait pas.

Donc, jusqu’à ce que je décide d’accepter ma surdité, en 2017, j’ai fait preuve de débrouillardise. J’admets, par contre, qu’avoir eu accès à des modèles plus tôt m’aurait aidé à accepter de l’aide.

Par « modèles », je fais référence aux personnes qui sont parvenues à transformer leurs différences en force. Des personnes qui occupent des rôles ou postes importants et qui parlent ouvertement de leurs défis au quotidien. Que ça soit dans un livre, des conférences, des apparitions dans les journaux, dans les magazines, à la télévision, à la radio ou encore dans des podcasts.

J’aurais aimé ça prendre connaissance de leurs histoires. Savoir qu’il existe d’autres personnes ayant les mêmes défis que moi qui ont réalisé ce qui m’apparaissait impossible.

C’est ce qui m’amène à écrire cet article. Il fait suite à mes 5 trucs pour mieux accepter sa surdité. Je vous explique pourquoi c’est important d’augmenter la présence des personnes sourdes et malentendantes dans les médias.

Évidemment, je parle pour ma cause. Mais mon message s’adapte aussi pour les personnes qui ont un autre handicap. Visible ou invisible. Pour moi quand on parle de différence, c’est autant une question de couleurs de peau, d’ethnies, d’identités de genre, d’orientations sexuelles, etc. Tout comme avoir vécu un moment marquant dans sa vie.

Promouvoir l’acceptation des différences

Au Québec, bien que l’on mentionne qu’il y a 2,1 M de personnes adultes de plus de 20 ans, soit environ 31,5% de la population qui auraient un problème auditif (source Audition Québec), il est difficile d’avoir des statistiques exactes sur le nombre de personnes qui s’identifient comme sourdes ou malentendantes.

À mon avis, c’est justement parce que plusieurs personnes ont de la difficulté à s’identifier.

Et quand je parle d’identification, ça inclut l’importance d’accepter sa différence. De se connaître et s’aimer tel que l’on est. Puis ça, ça demande du temps.

Je suis bien placée pour en parler. Ce n’est qu’à l’âge de 33 ans que j’ai décidé d’entamer une démarche pour accepter ma surdité. Avant ça, que ça soit dans mon entourage personnel ou professionnel, je ne parlais pas de mes défis de communication au quotidien. Je me limitais à dire qu’il fallait me parler plus fort ou mettre des sous-titres. J’avais la peur du regard et du jugement des autres.

Il faut dire aussi que chaque personne ayant une surdité a sa propre façon de parler de sa différence. Il y a celles qui utilisent le terme sourd, d’autres malentendant et d’autres vont simplement dire qu’elles ont une surdité ou des problèmes auditifs sans entrer dans les détails.

Accepter sa surdité en tant que personne sourde et malentendante

Moi, avant d’accepter ma surdité, je disais que j’étais malentendante. Aujourd’hui, je m’identifie en tant que personne sourde qui entend grâce à un implant cochléaire. Je dis aussi que j’ai un handicap invisible.

Mais pour être honnête, il y a quelques années, jamais je n’aurais osé me définir de cette façon. Le fait d’avoir pu connaître des modèles grâces aux médias a rendu la tâche plus facile. Ça m’a permis de mettre des mots à ce que je vivais, d’en parler avec humour, de me sentir moins seule et d’exprimer mes préférences de communications.

Lire aussi : De l’importance d’accepter sa surdité et Valoriser la différence pour mieux l’accepter

Faire avancer la recherche

Plus on permet aux personnes sourdes et malentendantes d’occuper des rôles et postes importants ou de prendre parole dans les médias, plus les professionnels de l’audition et les chercheurs ont une meilleure idée des obstacles qu’elles rencontrent. Ça les amène à créer de nouveaux outils de sensibilisation. Tout comme faire avancer la recherche en vue de créer ou améliorer de nouvelles technologies.

Attirer des opportunités insoupçonnées pour les personnes sourdes et malentendantes qui ont de la difficulté à se vendre et se trouver un emploi

Pour surmonter leurs défis de communication au quotidien, les personnes sourdes et malentendantes utilisent leur créativité et leur débrouillardise. 

Mais malheureusement, plusieurs d’entre elles ont de la difficulté à se vendre auprès des employeurs et ainsi se trouver un emploi.

Il existe bien sûr des organismes pouvant les aider, comme La Croisée S.I.T. et Accès-Sourds Travail. Mais parler de leurs réalités dans les médias et montrer comment elles arrivent à transformer leur différence en force peut leur être un grand coup de pouce.

Grâce à ce type d’article, les employeurs sont sensibilisés et peuvent voir ce qu’elles peuvent accomplir. Pour finalement les contacter afin de leur proposer des opportunités insoupçonnées puisqu’ils ont une meilleure idée des adaptations que ça demande et des ressources disponibles pour les aider avec l’embauche.

J’ai moi même eu de la difficulté à me trouver un emploi avant de démarrer ma propre entreprise en 2003. Ce qui m’avait aidé, c’est de voir le Web comme une deuxième porte d’entrée pour une carrière en communication. Un domaine qui m’a toujours intéressé.

Depuis, j’ai pu toucher à différentes facettes de ce secteur d’activité. J’ai fait du graphisme, de l’infographie, de la coordination de projet Web, de l’animation et la gestion de communauté Web, de la rédaction, etc. J’ai même animé une émission de radio pendant près de 3 ans. Mais depuis 2019, je fais surtout des relations de presse. Concrètement, j’aide les entrepreneurs à être visibles dans les médias et créer leurs propres opportunités médiatiques.

Relations de presse Kim Auclair

C’était tout à fait naturel pour moi de me concentrer sur les relations de presse puisque c’est moi-même qui a contacté les médias depuis mes débuts en affaires afin de me faire connaître et faire connaître mes projets. J’ai eu plusieurs retombées médiatiques pour mes outils de sensibilisation à la surdité. Et chaque fois, cela m’a ouvert de nouvelles portes.

Normaliser la différence

Enfin, j’ai la certitude que c’est en ayant une meilleure représentation des personnes sourdes et malentendantes dans les médias généraux que l’on aura plus besoin de parler de la surdité. Dans le sens que de normaliser ce handicap invisible aidera plusieurs personnes à mieux cheminer avec leur différence. De se sentir incluses.

Je fais le lien avec la nouvelle page Facebook que j’ai créé quand j’ai décidé de parler ouvertement de ma surdité. Je ne voulais pas mélanger ce nouveau contenu avec la page qui était réservée à mes activités professionnelles.

J’ai aimé animer cette nouvelle page dans les débuts. Mais plus je cheminais,  plus je ressentais le besoin de réécrire mon parcours en jumelant mes réussites professionnelles et l’acceptation de ma surdité.

J’ai engagé une rédactrice externe pour m’aider et j’ai finalement fusionné les deux pages Facebook que j’avais créées. C’était un moment marquant pour moi parce que ça voulait dire que je ne m’identifiais plus que par mes réalisations, mais par qui j’étais, tout simplement. Incluant ma surdité.

Qu’en pensez-vous? Ajouteriez-vous d’autres raisons pourquoi c’est important de laisser plus de place aux personnes sourdes et malentendantes dans les médias?


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